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 « Les temps mercurochrome », c’est l’histoire du long fleuve tranquille d’une enfance heureuse, avec une famille aimante, un monde en ordre et personne de méchant, où toute une génération se reconnaîtra.
… Bouquin pétri de tendresse et d’humour, foisonnant de souvenirs, de découvertes, de termes savants, de calembours et de racontars, abordant toutes sortes de sujets, tour à tour leçon d’histoire, de sciences naturelles appliquées et même de mathématiques… C’est aussi un témoignage ethnographique précieux, un guide touristique plein de beaux nuages qui donne envie de visiter le Mézenc en hiver et d’ascensionner le Gerbier des Joncs, et enfin une méditation philosophique sur le réel et l’invisible, sur la magie du théâtre et de la représentation, et sur ceux qui vous ont inspiré un jour et ne vous quittent plus, comme ici Cyrano de Bergerac.
Bref, débordement d’anecdotes, de rêves, de sentences, d’émotions, de flash-backs, de conseils essentiels (comment par exemple manger proprement de la chantilly quand on porte la barbe ?) et de mensonges délibérés, sous le double patronage de Borgès (« Que fut ce Buenos Aires en ce temps-là ? Ou plutôt, qu’aurions-nous aimé qu’il fût ? ») et du patron de presse Howard Hughes (« Si la fiction dépasse la réalité, imprimez la fiction ! »). Et même de Montaigne qui allait, lui aussi dans son écriture, « à sauts et à gambades ».
Bon. Sur l’auteur, je suis un peu déçu. Je m’attendais à des révélations, un scoop par-ci par-là, mais des nèfles ! Finalement, il est bien, comme je l’imaginais, un insoumis pudique.
On verra avec le tome 2, que j’attends avec impatience. J’ai déjà une petite idée du titre…

Gérard Rodriguez